Les champignons vont-ils révolutionner la nourriture des astronautes ?

Les champignons vont-ils révolutionner la nourriture des astronautes ?

Comment les astronautes se nourrissent dans l’espace ? Lorsqu’on parle de nourriture spatiale, on imagine souvent des produits lyophilisés. 

Vous pensez peut-être aux cosmonautes qui avalent des liquides bizarres dans leur cabine ?  

Ce qu’on ne connaît pas, ce sont les contraintes liées à leur alimentation. 

Actuellement, le projet de mission sur Mars par la NASA pose un problème alimentaire majeur. Comment nourrir les astronautes pendant une durée aussi longue ? 

Car rien que le voyage de la terre vers Mars prend environ 9 mois.

Heureusement, des agences spatiales ont trouvé un début de solution : la mycoprotéine

En effet, les protéines des champignons seraient peut-être la solution pour soulager la faim des astronautes. 

Qu’est-ce que la mycoprotéine ?

La mycoprotéine est un substitut à la viande. Elle s’obtient à partir d’une certaine espèce de champignon : le Fusarium venenatum. 

Comme son nom l’indique, cette alternative à la viande est une protéine fongique. Elle est riche en vitamines, minéraux et acides aminés essentiels. 

En raison de sa texture similaire à la viande, la mycoprotéine s’utilise aussi comme une viande végétale. 

À ce jour, de nombreuses entreprises dans le monde commercialisent des mycoprotéines comme notamment l’entreprise anglaise Quorn. 

Le challenge de l'alimentation dans l'espace

En 2020, la NASA lance un défi auprès de chercheurs et scientifiques en collaboration avec l’Agence spatiale canadienne. Le concours récompense les meilleures innovations alimentaires à destination des astronautes engagés dans des missions spatiales de longue durée. Et afin de motiver la communauté scientifique, le concours offre en récompense pour le gagnant une forte somme d’argent (500 000 dollars, soit environ 415 000 €).

L’idée derrière est d’inventer des aliments à la fois riches en nutriments, délicieux et durables dans la perspective d’un voyage vers Mars. Cette tâche est particulièrement ardue pour plusieurs raisons. Tout d’abord, l'espace de stockage dans les navettes spatiales est limité, de même que l'accès à l’eau et l'énergie. 

Bien que certains chercheurs trouvent des solutions pour faire pousser des fruits et légumes dans l’espace, il reste une difficulté importante : la production de protéines. Car vous vous imaginez bien qu’il n’est pas question de créer un élevage bovin dans l’espace.  

Lors de ce concours, deux entreprises canadiennes sortent du lot : Maia Farms et Ecoation. Elles impressionnent le jury grâce à leur création d’une mycoprotéine accompagnée d’un système de culture autonome. Car en effet, cette innovation alimentaire possède des qualités remarquables. 

Premièrement, elle contient plus de protéines que la viande rouge. 

Deuxièmement, elle est plus digeste qu’une protéine végétale. 

Troisièmement, elle a une durée de conservation de 12 mois, idéale pour les longs voyages dans l’espace. 

Quatrièmement, cette protéine fongique peut se fabriquer de façon autonome dans un bioréacteur, en seulement 7 jours. Les cosmonautes pourraient ainsi la produire facilement dans leur navette. 

Une réponse à un défi planétaire ?

Selon cette étude économique, la demande mondiale de protéines va doubler d’ici 2050. Or, la production de viande ne pourra pas augmenter autant de façon durable. Car, comme le savez certainement, l'élevage industriel provoque une accélération des émissions de gaz à effet de serre et contribue à la déforestation. 

Déjà aujourd’hui, de nombreuses études environnementales signalent l’impact considérable sur l'environnement et le climat de la consommation de viande.

D’après cet article de la Food and Agriculture Organization, les gaz à effet de serre issus de l’élevage industriel représentent 45 % de l'ensemble des émissions agricoles. 

Les substituts de viande d'origine végétale comme la mycoprotéine offre une solution de taille à cet enjeu environnemental. En effet, elles possèdent un impact environnemental qui serait  50% inférieur. Il est donc fort probable que les substituts de viandes à base de protéines de champignons deviennent de véritables succès mondiaux dans les 10 prochaines années. 

D’après le PDG de la firme Maia Farms, les plantes et champignons sont l’avenir du marché des protéines. D’après ce chef d’entreprise, il est très probable que les Américains se mettent à consommer régulièrement des produits à base de mycélium d’ici 15 ans.  

Conclusion 

Que ce soit sur la terre ou dans l’espace, les champignons seraient peut-être la réponse aux prochains grands défis alimentaires de demain.

Ils permettent de nous nourrir efficacement tout en prenant soin de la planète.

Peut-être que nous verrons les prochains cosmonautes se nourrir de protéines de champignons ?  


Sources et références : 

Half of the world’s habitable land is used for agriculture. (2019, 11 novembre). Our World in Data. https://ourworldindata.org/global-land-for-agriculture#:~:text=Half%20of%20all%20habitable%20land,roads%20and%20other%20human%20infrastructure.

Key facts and findings. (s. d.-b). https://www.fao.org/news/story/en/item/197623/icode/

Smetana, S., Ristic, D., Pleissner, D., Tuomisto, H. L., Parniakov, O., & Heinz, V. (2023). Meat substitutes : resource demands and environmental footprints. Resources Conservation and Recycling, 190, 106831. https://doi.org/10.1016/j.resconrec.2022.106831

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